21.9.06

082 - Honte prométhéenne

Mari d'Hannah Arendt, auteur de textes tels que L'obsolescence de l'Homme ou La désuétude de la réalité, Günther Anders récusait pourtant l'étiquette de philosophe :
N'est-il pas plus important que l'humanité existe plutôt que la « philosophie » ? Bien que je sois classé comme « philosophe », je ne m'intéresse que très peu à la philosophie. Mon intérêt appartient au monde, de même que l'intérêt des astronomes n'appartient pas à l'astronomie, mais aux étoiles.
Penseur ( et critique ! ) de la technique et de l'industrie, il a du progrès technique et des machines une vision très noire, avec des accents presque cyberpunk, appelant notamment à la réincarnation industrielle de l'homme...
Le retard congénital de l’être humain en tant que travailleur, en tant que soldat et en tant que consommateur face à la technique donne lieu à ce que Anders appelle la pente prométhéenne (prometheisches Gefälle). La pente prométhéenne, à son tour, donne lieu à un sentiment historiquement nouveau : la honte prométhéenne (prometheische Scham). La honte prométhéenne est ce sentiment qui nous fait pâlir devant la perfection de nos machines et devant la pitoyable défectuosité de notre propre corps.
Wikipedia : Günther Anders

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir Monsieur Dvanw,
je serai bien d'accord avec Monsieur Anders,
Je suis moi même dentiste et je m'intéresse tres peu aux dents...
je prends conscience tous les jours de la dégenerescence des tissus ondotologiques de mes compatriotes et suis admiratif devant les techniques de protheses,
serait ce une pente promothéenne ???

dvanw a dit…

Cher M. Anonymous,

c'est assurément une pente promothéenne.
Tant que cette admiration ne vous conduit pas à avoir honte de vos propres appendices dentaires,
on n'est toutefois pas au stade de la honte du même nom...

Par contre, votre posture professionelle serait parallèle
à celle de M. Anders
si vous ne vous intéressiez pas à l'odontologie,
mais uniquement à son objet : la dent !

PS : et au fait, vous êtes plutôt bridge ou plutôt implant ?

Anonyme a dit…

"la perfection de nos machines et devant la pitoyable défectuosité de notre propre corps."

Cela me fait encore penser à Roorda qui raconte que le baron Z à poil avant de se mettre au lit constate: "Je suis ce qu'il y a de plus laid dans ma chambre à coucher". Il aurait pu faire une comparaison identique dans son salon ou sa salle à manger. Le baron pense à ses ancêtres sveltes et musclés dans leur grotte enfumée avec pour seul instrument cette arête de poisson qui leur sert de fourchette, de cure-dent et d'aiguille à tricoter...

Joël, informaticien qui ne s'intéresse pas aux ordinateurs mais à l'ordre.

dvanw a dit…

Attention, Joël, attention ! Pour être prométhéenne, la pente n'en est pas moins savonneuse...

C'est amusant que tu parles d'ordre et d'ordinateur plutôt que d'informatique et d'information. Tu es conscient, bien sûr, qu'avant de devenir cette petite boîte beige, l'Ordinateur c'est Dieu...

Et DIeu, dans tout ça, Joël Perinet ?

Anonyme a dit…

Ordinateur > Celui qui confère le sacrement d'un ordre ecclésiastique. Selon ATLIF. Formé sur le supin ordinatum de ordinare, un supin très ordinaire.

En fait Dieu est un méchant démiurge selon Cioran. Quant à l'ordinateur, c'est selon moi un deus-ex-machina qui n'a pas fini de nous surprendre avant que la pièce qui met en scène nous et notre obsolescence, Prométhée et les dieux ne soit finie.

Pour ce qui est de l'information, j'essaye de me désintoxiquer. Pas fastoche!