Toujours pas clair ? Essayons un exemple : vous êtes un jeune marchand de yaourts fringant et moderne, à fond dans les nouveaux média. Vous avez un site web, une appli iPhone, et même des tapis de souris promotionnels avec votre logo dessus ! Bref, le crossmedia ça vous connait. Seulement voilà : votre site web est désert, personne ne veut de votre tapis de souris et l'appli iPhone à été téléchargée 5 fois. Que faire ?
Facile : il faut gamifier tout ça ! Vos plus jeunes clients passent des heures sur World of Warcraft au lieu de visiter votre site web ? Qu'à celà ne tienne : vous aussi vous allez leur proposer des jeux : des jeux à base de yaourt ! Avec des points lactés à récolter et des niveaux à passer : apprenti-yaourt, maître-yaourt, etc. Ca va faire un carton !
Bon je simplifie hein, parce que tout ça est vachement plus compliqué. La preuve : vous venez de rater le premier sommet mondial de la gamification, qui s'est tenu à Chicago en janvier. Wanda Meloni, senior analyst chez M2 research est formelle :
Gamification is on everyone’s lips these days. Using game-like mechanics and systems to increase fun and engagement is a relatively new and expansive topic, subject to much debate and dialogue. Without a doubt: If "engagement" is the super metric of the next decade, then "gamification" is its elixir. (1)Si vous vous plongez dans la littérature gamifiante, vous verrez qu'il y est beaucoup question d'engagement... Mais je vous rassure tout de suite : si le mot vous évoque le mouvement anti-guerre du Vietnam ou la mobilisation contre le CPE, vous avez tout faux : engagement qu'on vous dit, pas commitment. Engagement, donc, comme quand on signe un contrat ou qu'on se marie.
Et si vous aviez pu assister à la conférence de Jane McGonigal, qui est est peu près à la gamification ce que Roux et Combaluzier sont à l'ascenseur, vous vous rendriez compte qu'on n'a encore rien vu :
McGonigal reveals how we can use the lessons of game design to fix what is wrong with the real world, boost global happiness and create engagement that transcends commerce. (…) Her insights have been compared to plutonium in that they are elegant, concise, and pack an enormous amount of force. (1)
Le jeune fabricant de yaourts que vous êtes est enthousiaste : enfin les yaourts vont changer le monde ! Et rendre les gens heureux par dessus le marché... Bon, on commence par où ? Selon R. Ray Wang de chez Constellation Research, pour réussir sa gamification, il faut favoriser l'engagement du client (ça on le savait déjà) en lui fournissant 5 choses :
- intrigue (en gros : le client aura des trucs à lire...),
- récompense (mais ça va lui rapporter un max virtuellement),
- statut (grâce à ses accomplissements-yaourt, le client gagnera l'estime de ses pairs)
- communauté (et ses pairs le congratuleront sur Facebook)
- challenge (ça doit être facile mais pas non plus totalement trivial)
Ben oui : à vaincre sans péril... Enfin bref. Pour le moment, la science de la gamification semble plus proche de la formation continue pour vendeurs de voiture que de la mécanique quantique... Mais ce n'est qu'un début !
Les diverses théories de la gamification se déclinent souvent en quelques points-clés bien définis susceptibles de tenir aisément dans une présentation PowerPoint. Et pour cause : l’essence de ce projet est d’extraire un petit ensemble de mécaniques (un terme qui revient constamment) aisément manipulables et utilisables. Ce mot "mécanique", si souvent employé, le montre bien : on quitte le monde de l’art (car la conception d’un jeu, n’en déplaise aux esprits chagrins, est un art) pour celui de l’ingénierie, sociale ou économique. (2)
Convaincu ? Alors ne traînez pas trop, parce que derrière la gamification, qui devrait -donc- être le gros buzz de 2011, se profile déjà un redoutable concurrent : la cowclickification, l'art de retenir ses clients en les faisant cliquer sur une vache !
(1) the Gamification Summit
(2) Lemonde.fr - Qu'est-ce qui nous attire dans les jeux ?
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