7.3.09

130 - Effet réversif de l'évolution

Une fois n'est pas coutume, l'idée que j'ai attrapée aujourd'hui , je ne l'ai pas lue. Non, rassurez-vous, je ne l'ai pas non plus inventée : chacun son métier ! Non, en fait je l'ai entendue. Et, qui plus est, de la bouche même de son créateur ! Alors figurez-vous que je dînais l'autre soir avec Bernard (Henry Lévy) et Philippe (Sollers)... Non, je plaisante. J'ai seulement assisté à une conférence de Patrick Tort sur Darwin.

C'était plutôt très bien raconté : le jeune Darwin, sa famille, son Beagles... Le tout assorti de quelques piques assez mystérieuses adressées à un historien des sciences que, après documentation, j'imagine être André Pichot (cf. [1]). Ensuite on a eu un résumé synthétique des principes de l'évolution darwinienne à l'aide d'un schéma très clair - paraît-il - qu'il avait hélas oublié d'amener, et que du coup il décrivait au fur à mesure... Ce qui rendait l'ensemble nettement moins limpide. Mais enfin bon : divergence et sélection, on commence à connaître un peu l'histoire !

Là où ça devenait plus nouveau (pour moi, qui n'avais pas lu Patrick Tort) c'est quand il a été question de l'effet réversif de l'évolution. Là, mon oreille s'est dressée. En gros, il s'agissait d'expliquer comment la sélection naturelle peut laisser se développer des comportements sociaux (la protection des plus faibles) et moraux (l'altruisme) apparemment contre-productifs du point de vue individuel.
Les hommes les plus braves (...) qui risquent volontiers leur vie pour leurs semblables, doivent, en moyenne, succomber en plus grande quantité que les autres. Il semble donc presque impossible (...) que la sélection naturelle puisse augmenter le nombre d'hommes doués de ces vertus. [2]
Dans la bouche de Patrick Tort, ça donne ça :
La sélection naturelle, principe directeur de l'évolution impliquant l'élimination des moins aptes dans la lutte pour la vie, sélectionne dans l'humanité une forme de vie sociale dont la marche vers la civilisation tend à exclure de plus en plus, à travers le jeu lié de l'éthique et des institutions, les comportements éliminatoires. En termes simplifiés, la sélection naturelle sélectionne la civilisation, qui s'oppose à la sélection naturelle. Comment résoudre cet apparent paradoxe ? [3]
Comment le résoudre, donc, mais d'abord : pourquoi ? On sent bien que l'enjeu, c'est de garder Darwin dans le camp progressiste, en montrant la comptabilité de ses idées avec les valeurs de gauche. C'est pour cela que Patrick Tort prend bien soin de démarquer Darwin du « darwinisme social » de Spencer et surtout des thèses sulfureuses de Galton, cousin de Darwin et inventeur de l'eugénisme. Noble intention, certes, d'autant que Darwin lui-même ne rend pas service à Patrick Tort en citant abondamment Galton et Spencer (qualifié de grand philosophe) dans La filiation de l'homme, dont le cadre conceptuel est quand même assez loin de la gauche plurielle :
Notre instinct de sympathie nous pousse à secourir les malheureux ; la compassion est un des produits accidentels de cet instinct que nous avons acquis, au même titre que les autres instincts sociaux dont il fait partie. (...) Nous devons donc subir, sans nous plaindre, les effets incontestablement mauvais qui résultent de la persistance et de la propagation des êtres débiles. Il semble toutefois qu'il existe un frein à cette propagation, en ce sens que les membres malsains de la société se marient moins facilement que les êtres sains. Ce frein pourrait avoir une efficacité réelle si les faibles de corps et d'esprit s'abstenaient du mariage ; mais c'est là un état de choses qu'il est plus facile de désirer que de réaliser. [2]
Bref, on reste sur l'impression que c'est le réalisme, plutôt que l'amour des faibles, qui sauve Darwin de l'eugénisme... Alors le défendre contre les fondamentalistes de tous poils, d'accord ! En faire un parangon de la pensée de gauche... Je suis moins sûr.

Mais revenons au paradoxe. Patrick Tort systématise la pensée de Darwin (qui est tout de même beaucoup plus flou sur la naissance du sens moral) dans cette notion d'effet réversif de la sélection naturelle : plus les groupes humains s'organisent, plus l'instinct social est avantageux pour l'individu, plus il est donc sélectionné, jusqu'à arriver à l'état de civilisation dans lequel les différentes formes morales et institutionnelles de l'altruisme s'épanouissent, modifiant le jeu même de la sélection naturelle.
La sélection naturelle s'est trouvée, dans le cours de sa propre évolution, soumise elle-même à sa propre loi - sa forme nouvellement sélectionnée, qui favorise la protection des "faibles", l'emportant, parce qu'avantageuse, sur sa forme ancienne, qui privilégiait leur élimination. L'avantage nouveau n'est plus alors d'ordre biologique : il est devenu social. [3]
Patrick Tort, qui n'avait pas oublié son ruban de papier, s'en est servi pour construire un ruban de Moebius qui, nous a-t-il expliqué, est une métaphore de l'effet réversif : grâce au retournement introduit dans la boucle, on circule sans discontinuité d'une face (la nature) à une autre (la culture). Et voilà comment on en arrive à prêter sa perceuse au voisin !

[1]
Le Monde - L'éternelle querelle autour de Darwin
[2] Charles Darwin - La filiation de l'homme

[3]
Institut Charles darwin - Effet réversif de l'évolution

Voir aussi :
112 - Coévolution gène-culture

27 commentaires:

all a dit…

À défaut de démonstration de réversion, Tort nous fait un raisonnement discursif totalement biaisé par sa foi. Sa croyance est que Darwin est le gentil, qu'il n'a jamais été raciste, donc comme vous le dites de gauche au sens où nous l'entendons aujourd'hui c.-à-d. bien lisse et politiquement correct. Juste deux exemples
Du temps de Darwin, l'Hottentot était plus proche de l'Orang Outang que de l'homme, autant que le chien du loup, personne n'y trouvait à redire
http://darwin-online.org. lettre à Lyell 1859 page 211 ,
les remarques sur la compétition sélective entre les espèces concernaient aussi bien les groupes et genres humains tels que les blancs et les nègres au Liberia
http://darwin-online.org., page 212.

Darwin faisait de la science dans le contexte social et moral de son époque, l'exégèse tordue de ses livres ne rachètera pas les crimes du passé effectués au nom du racisme, qui a trouvé sa pitance dans les théories de l'évolution et de l'hérédité.

Alors qu'il est reconnu aujourd'hui que le devoir d'une société humaine avancée est de protéger les plus faibles, ce n'était pas le cas du temps de Darwin, dans l'Angleterre industrielle et coloniale. C'est le moyen de fonctionnement le plus communément choisi par la société des hommes du XXIe siècle, avec des nuances, et il s'est accompli par déterminisme ; il ne doit rien au hasard. Les sociétés humaines auraient pu se développer sur d'autres modèles, par exemple celui d'un monde où l'on fait grimper les vieillards dans un cocotier que l'on secoue pour éliminer les plus faibles. Dans un tel monde, nous trouverions un Tort pour nous expliquer que c'est darwinien ; un bien un monde uchronique où par exemple les forces de l'axe auraient perdu contre les nazis (il s'en est fallu de peu).

Le déterminisme qui a prévalu au choix de société que nous connaissons est à l'opposé du naturel, il est la marque de l'effort fait par l'humanité de s'extirper de l'animalité. Il faut laisser les gènes à la biologie et la morale à la philosophie. Ce qui relève du bien ou mal au sens de l'homme n'a pas de justification naturelle.

Anonyme a dit…

Je ne comprends pas bien : il a bien été démontré me semble-t-il que la "coopération" était un comportement naturellement sélectionné par l'évolution :
http://en.wikipedia.org/wiki/The_Evolution_of_Cooperation

Voulez-vous dire qu'on est là encore trop loin de l'altruisme ?

dvanw a dit…

@ all : d'accord avec une bonne part de votre analyse : Darwin "faisait de la science dans le contexte social et moral de son époque", et certains points de ce contexte sont assez détestables vus de 2009. Darwin était un grand scientifique, pas un saint !

Je ne comprends pas du tout : "Le déterminisme qui a prévalu au choix de société que nous connaissons est à l'opposé du naturel, il est la marque de l'effort fait par l'humanité de s'extirper de l'animalité." On ne doit pas avoir la même définition du déterminisme...

@ Yogi : Vous résumez bien le fond de cette histoire : la coopération est-elle 'naturellement sélectionnée' ? Je dois avouer que je n'ai pas d'avis bien tranché... C'est séduisant, mais ça simple un poil réducteur. Je ne pense pas que la sélection naturelle choisisse un type de gouvernement !

Dans la Filiation de l'Homme, Darwin lui-même semble considérer que la sélection naturelle est responsable seulement des premiers stades (dits "primitifs") d'organisation, mais pas des stades ultérieurs (la "civilisation")... Tort me semble ici plus darwinien que Darwin.

Anonyme a dit…

La "civilisation" protège-t-elle intrinsèquement les faibles ... voilà une assertion qui me semble bien "connotée" ! Parmi toutes les civilisations passées, futures, ou seulement possibles, toutes protègent-elles les faibles ?

A moins bien sûr que ce ne soit la définition même que l'on veuille donner à "civilisation", mais alors quelle démonstration tirer d'un tel parti-pris ?

Disons tout au plus que si l'évolution sélectionne la coopération, la réciprocité et l'empathie, un bon bout de chemin est déjà accompli ...

Alexandre Belkowski a dit…

La théorie de la sélection naturelle a été reprise par les PUA, Pick Up Artist, qui sont des sortes de théoriciens de la drague. Le plus connu, Mystery, propose une vision de la société selon la bonne vieille sélection naturelle de Darwin.

Ce que dit Mystery est que la sélection naturelle est toujours présente et active, mais que les critères qui rendent un homme fort ou faible ne sont plus les mêmes : la sécurité qu'un homme peut offrir n'est plus celle de ses muscles dans une grotte, mais celle de l'argent dans une société où tout se paye. Sa force n'est plus importante pour sa survie en milieu naturel mais sa capacité à survivre en société : sociabilité, aisance financière, etc etc.

Pour finir, je crois que le phénomène de sélection naturelle pur et dur, animal et instinctif, n'est pas encore terminé : les hommes aiment en général les femmes bien proportionnées parce qu'elles seront les plus aptes à procréer, et les femmes aiment les hommes bien bâtis parce que cela représente la sécurité physique à l'origine, dans cette bonne vieille grotte ou nous étions encore victimes de la nature...

...avant qu'elle devienne notre victime, mais ça, c'est une autre histoire.

Anonyme a dit…

@Scander1005 : Les PUA comme référence scientifique, il fallait oser :-) !

Bien sûr que la sélection naturelle est toujours à l'oeuvre : celle-ci ne professe finalement que : "ceux qui ont le plus de descendance ne sont pas déterminés au hasard". Et à ce titre, au niveau planétaire, les plus "aptes" pour le moment sont les pays du tiers-monde avec une faible éducation des femmes, et non pas les pays des PUA rouleurs de mécanique à Ray-Ban.

Anonyme a dit…

A propos de l'évolution de la coopération, voir cette publication récente sur le paradoxe de Simpson et l'évolution :
http://tomroud.com/2009/01/11/annee-darwin-paradoxe-de-simpson-et-evolution/

Sinon, il y a quand même quelques travaux aussi sur l'évolution de la morale :
http://tomroud.com/2006/07/30/morale-religion-et-evolution/

all a dit…

"et les femmes aiment les hommes bien bâtis parce que cela représente la sécurité physique à l'origine, dans cette bonne vieille grotte ou nous étions encore victimes de la nature..."

Certains se préparent à de graves désillusions ;-)

la morale :

La morale ? Mais laquelle ?
Celle de Lao Tseu, celle de Buddah, celle de Marat, celle de Pol Pot, celle de Nietzsche, celle des prêtres aztèques ? Laquelle.
Comme si la vision du bien et du mal avait toujours été la même sous toutes les latitudes et à toutes les époques. Alors que la protection des plus faibles est une invention très récente des sociétés humaines, occidentales et chrétiennes, devenue la norme. Même du temps de Darwin les poor laws étaient considérés comme non naturelles et vouées à l'échec.
Darwin trouvait normal que dans les usines Wedgwood une petite fille ou un petit garçon de 12 ans travaillassent 12 h/jour 7/7 devant des fours à cuire la porcelaine, alors que seuls les enfants d'aristocrates avaient droit à l'éducation. Le chercheur a financé ses travaux grâce à des gens qui ont vécu dans un monde tel que l'a décrit Dickens.
Et la coopération à elle seule n'explique en aucun cas l'apparition de la morale, puisqu'elle est destinée à remplacer le combat individuel en combat collectif, avec pour seul objectif la survie du groupe. L'empathie peut l'expliquer, mais il faut alors prouver que c'est un paramètre biologique.

Anonyme a dit…

Certes certes all, la morale est quelque chose de complexe, mais il y a des mécanismes plausibles d'évolution de la morale. Je suis à peu près sûr qu'on a aussi observé de l'empathie animale (je dois avoir une référence quelque part).
Sinon, l'homme est aussi un animal culturel, il y a eu aussi des interactions génétique/mémétique qui ont pu encore complexifier cette évolution.

Samia a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Samia a dit…

Une référence sur l'empathie animale quelque part? C'est tout un monde. Voici un bon point de départ.

Ce qui est contre-intuitif, c'est que la 'nature féroce' puisse avoir des produits qui ne le sont pas...Mais cette question relève de la science et non de la philosophie politique. Il s'agit de savoir comment ça se fait que nous ayons ce genre de morale là . La question n'est ni de savoir ce que Darwin pensait de la société victorienne, ni de savoir quel modèle politique est le bon! C'est 'juste' de savoir ce que la biologie peut nous dire sur une partie de nous-même qu'on est assez nombreux à trouver très importante.

Anonyme a dit…

@Samia Hurst : L'article de Frans de Waal est intéressant, dommage qu'il commence par un phénoménal contre-sens "... tel Richard Dawkins qui voit dans l'égoïsme une force motrice du changement, et non un défaut qui nous tire vers le bas". Citer un auteur sans l'avoir lu, c'est pas terrible et ça nuit à la crédibilité de la suite.

Alexandre Belkowski a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Alexandre Belkowski a dit…

@Yogi : la sélection naturelle professe que "ceux qui ont le plus de descendance ne sont pas déterminés au hasard", ET que ce sont ceux qui sont les plus aptes à survivre pour perpétuer l'espèce.

Je ne crois pas en la toute puissance du langage scientifique, désolé. Même les PUA ont leur part de vérité. Et puis citer Wikipédia c'est pas mieux non plus :-)

@all : "Certains se préparent à de graves désillusions ;-)" d'accord, désillusionne moi !

Anonyme a dit…

@Scander1005 : "ET que ce sont ceux qui sont les plus aptes à survivre pour perpétuer l'espèce" : non. Cette proposition est déjà inclue dans la première. Ceux qui ont le plus de descendance ont le plus de descendance, point.

Je n'ai pas dit que les PUA avaient tort (encore qu'ils ne voient le monde par leur petit bout de lorgnette), j'ai juste dit qu'ils n'étaient pas des références scientifiques.

Je n'ai pas cité "Wikipédia" (qui est d'ailleurs fiable à 99,9%), j'ai cité les travaux de Axelrod sur la coopération, qui se trouvent présentés dans Wikipédia de manière synthétique.

Le "langage scientifique" n'a pas une "toute puissance", c'est simplement notre outil commun d'exploration du monde. Si vous voulez faire sans, vous entrez dans le domaine du subjectif et de l'improuvable.

all a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
all a dit…

explications @ Scander : tu peux être bien bâti, si tu es à la rue habillé d'un carton les femmes ne te regarderont pas.
Et pour moi qui habite sur la cote, je peux te dire que là ou il y a du pognon il y a de très très belles femmes, accrochées à des types très très mal bâtis.
[si une chienne de garde passe par ici je me fais mordre les fesses]

Alexandre Belkowski a dit…

@Yogi : bon, si Wikipédia est fiable à 99,9%, on peut donc citer que "La sélection naturelle désigne le fait que les traits héréditaires qui favorisent la survie et la reproduction, voient leur fréquence s'accroître d'une génération à l'autre. Cela découle logiquement du fait que les porteurs de ces traits ont plus de descendants, et que ces derniers portent aussi ces traits (puisqu'ils sont héréditaires)." -> est-ce que ça veut bien dire que ceux qui ont le plus de descendants ont les gènes les plus aptes à la survie ou pas ?

Pour ce qui est de l'outil qu'est la science, je suis 100% d'accord avec vous, mais je voulais justement signaler que pour moi, vérité ne rime pas forcément avec science.

Les PUA, sont une source de connaissance que je trouve intéressante parce qu'ils ont tout fondé sur l'empirisme, au même titre que la science, sans sa rigueur et son éclat. Je ne dit pas que ce qu'ils disent est toujours valable, loin de là, mais plutôt que leur point de vue est intéressant pour la théorie de la sélection naturelle de nos jours dans la société occidentale.

@all : très bon exemple pour illustrer le point que je veux mettre en exergue.

"Là ou il y a du pognon il y a de très très belles femmes, accrochées à des types très très mal bâtis". Ici, c'est, comme je l'ai expliqué au début, parce que les fameux gènes, qui fond que les espèces ont plus de descendant, ne sont plus ceux que nous avions avant pour survivre dans un environnement naturel. Ils sont devenus les critères de survie et de reproduction de notre actuel environnement social et de consommation occidental, régit par le pognon.

MAIS, les anciens gènes aptes à la survie semblent selon moi encore des gènes qui tiennent bon, parce que dans beaucoup de société, généralement, ont préfère les femmes et les hommes aux atouts physiques les plus intéressants pour la reproduction et la survie.

Mais je comprends que ça soit dur à assimiler, en soi ce phénomène est inconscient.

Anonyme a dit…

@Scander : "ceux qui ont le plus de descendants ont les gènes les plus aptes à la survie ou pas ?" peut être, ou peut-être pas.

Ce peut être ceux qui assurent la meilleure survie à leur descendance, ou ceux qui ont une fécondité supérieure, ou, bien sûr, ceux en effet qui vivent le plus longtemps. Tous ces critères sont donc résumés et "condensés" dans le seul critère final qui vaille : ceux qui ont le plus de descendance (descendance qui parvienne à l'âge de procréer).

Anonyme a dit…

@Scander : peut-être y a-t-il une vérité en dehors de la science, mais étant subjective elle est par définition indistinguable de l'erreur. Si l'on admet que la définition de "vérité" impose "partageable avec autrui" alors il me semble bien qu'elle ne peut être que scientifique.

all a dit…

@ Scander :
Il y a eu des expériences de faites où l'on montrait à des hommes des photos d'anatomies de femmes, et ils choisissent généralement celles qui ont un bassin propre à bien enfanter (en français : un beau Q)
Même chose en testant les femmes qui choisiront les hommes bien bâtis (bien musclées et bien proportionnés).

Désolé mais dans la vraie vie du sapiens post-moderne c'est bien plus compliqué que ce simple casting : habitus, position sociale, traits psychologiques etc.

Anonyme a dit…

En lisant vos commentaires, j'arrive à une conclusion amusante :
- Dans le paradigme initial, Darwin dit que l'évolution des espèces est soumises à des contraintes "naturelles" qui sélectionnent certains individus au profit d'autres. Ces contraintes peuvent être dites assez simplement : protection de l'individu contre le milieu, signes extérieurs de viabilité et de leur descendance (pour les partenaires sexuels) ... je ne suis pas spécialiste du domaine, et je laisse Tom Roud parler à ma place.
- dans la réalité, c'est la nature de ces contraintes qui porte à conjecture, je me trompe ? Ces contraintes paraissent "naturelles", mais le sont-elles vraiment ? Ne sont elles pas plutôt liées à l'interaction de nombreuses contraintes dont les influences multiples, associées, réciproques, sont bien difficiles à prévoir.

Aujourd'hui, c'est la notion même d'avantage sélectif qui n'est pas facile à déterminer. Autant on comprend bien que l'environnement physique immédiat est un déterminant important (température, taux d'oxygène dans l'atmosphère, couleur ambiante, etc.), autant on comprend mal quels sont les structures qui permettent la sélection des espèces lorsqu'on s'éloigne de la physique pour entrer dans un environnement biologique ou social. D'ailleurs, on oublie assez rapidement que la coopération est un "comportement naturellement sélectionné par l'évolution". L'homme coopératif n'a pas bonne presse.

D'ailleurs, ce que dit Darwin sur la notion de la sélection est aussi de l'époque : je ne citerai pas, mais il me semble qu'il était assez sur des valeurs morales de la "nature" pour effectuer une sélection tout à fait efficace. Et cette idée perdure aujourd'hui, elle aussi.

Voilà l'évolution possible ... de la biologie : comment éliminer toute valeur morale à la nature ?

dvanw a dit…

La nature, au fond, est-elle quelqu'un de sympa ? Ca mériterait un billet... A suivre !

Anonyme a dit…

Bonjour,
Nous avons réalisé une couverture pour chronicart dont le thème était Darwin et les nouvelles technologies. Je me suis dit que ce visuel trouverait peut être sa place sur votre blog. Si vous souhaitez le recevoir donnez moi votre mail et je vous l'enverrai en pièce jointe.
Cordialement

dvanw a dit…

Cher anonyme, votre message serait en effet, me semble-t-il, plus à sa place dans un mail envoyé à l'adresse que vous trouverez sans difficulté sur mon site : www.dvanw.com ...

Charib&sylla a dit…

En 1968, le généticien des populations George Price prit connaissance des travaux d'Hamilton et en fut déprimé13 ; sa fibre religieuse fut profondément ébranlée. Il remarqua, par contre, la puissance théorique de ce nouvel axiome. Il réutilisa des outils mathématiques développés par la biologie évolutive (étude de la covariance d'Alan Robertson) pour démontrer que l'équation d'Hamilton pouvait être déduite de la sélection de groupe et impliquait que des comportements malveillants intraspécifiques étaient naturellement sélectionnés dans les grandes populations. Ce fait théorique confirmait ce que l'on voyait partout dans le monde animal ; l'altruisme décroît de la famille immédiate au groupe (pour les animaux sociaux) pour devenir de l'agression systématique entre individus de groupes différents. Il publia cette conclusion mathématique remarquable dans Nature en 197014 cet article fut immédiatement suivi, dans le numéro subséquent, d'un article d'Hamilton tirant toute la puissance explicative de cet apport fondamental15.

La reformulation de la théorie par Hamilton (assisté de George Price) au début des années 1970 allait donner la base théorique d'une lente réhabilitation de la sélection de groupe. Il est maintenant admis que la pression de sélection se réalise à tous les niveaux d'organisation du vivant, des cellules de l'organisme pluricellulaire (darwinisme cellulaire) aux écosystèmes, en passant par les individus et les groupes.


Le paradoxe dégagé par l'analyse de Price est que l'altruisme n'évolue à l'intérieur d'un groupe que si celui-ci est en compétition avec d'autres groupes (sélection entre groupes) et ceci même s'il est composé exclusivement de parents.

Charib&sylla a dit…

Bonjour,

L'effet réversif de l'évolution n'est qu'un paradoxe apparent, il s'élucide facilement, si on analyse le comportement altruiste à la lumière de la sélection de groupe..
Ecce Homo :-)