La mode, au mois d'avril, est aux vacances de pluie, comme en hiver aux vacances de soleil, en été aux vacances de neige. On choisira un gîte en harmonie avec le charme monotone des longues averses, cher à la comtesse de Noailles. Par exemple une cave de banlieue. Avec une vue sur un terrain vague, par un soupirail grillagé. Près d'une usine. On y goûtera une paix profonde. On fera des lectures apaisantes, telles que celle des horaires de la SNCF. On jouira du fantastique et de la température des caves. Peut-être même, avec un peu de chance, un homme se pendra-t-il au dessus du soupirail. On pourra voir ses jambes balancées par le vent avec un pantalon pied-de-poule sur ses bottes noires. On sera pris de grandes exaltations, peut-être même de ces crises nerveuses que les médecins appellent "mal des spéléologues", car il arrive qu'un séjour dans les cavernes intoxique comme le chanvre indien. On reviendra affamé de la vie.
Que demander de plus à de modestes vacances ? (1)
(1) Alexandre Vialatte - Chroniques de La Montagne - 26 mars 1963
2 commentaires:
Je ne le connaissais pas celui-ci. Décidément, Vialatte nous surprend toujours.
On reviendra affamé de la vie.Que demander de plus à de modestes vacances ?
Commentaire moins de 6 minutes après publication.... Ca c'est du réactif !
Bien d'accord avec toi sur Vialatte. J'ai renoncé à lire dans l'ordre, systématiquement l'énorme volume des Chroniques de la Montagne chez Bouquins. Je pense qu'en piochant dedans au hasard, compte tenu de l'atténuation moyenne des souvenirs de lecture, on doit pouvoir lire une chronique par jour pour l'éternité ou presque...
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