047 - Intelligent design

En gros la théorie de l'intelligent design consiste à affirmer que, décidemment, les formes de la vie sont trop complexes et trop diverses pour être l'œuvre d'un processus aveugle comme l'évolution. Il faut donc imaginer derrière tout ça l'œuvre d'une «force supérieure»...

Déjà entendu ça quelquepart ? Moi aussi : l'intelligent design, c'est le nouveau faux-nez des créationnistes américains, qui espèrent bien s'en servir pour le remettre ( leur nez ) dans les manuels scolaires... Quant on sait que 55 % des Américains croient que Dieu a créé les humains dans leur forme actuelle... On mesure à quel point Benoît XVI est un dangereux moderniste réformateur !

news@nature.com : Intelligent design : who has designs on your students' minds ?

Voir aussi : Transsubstantiation, Popability

046 - Transubstantiation

La transubstantiation, vous êtes sans doute au courant, c'est ce qui se passe lorsque le pain et le vin sont transformés — par la consécration — en corps et sang du Christ.

Si on s'intéresse à cette opération d'un point de vue quantitatif, on peut déterminer la quantité de Jesus consommée par an : environ 634 000 tonnes. Tout à fait raisonnable, lorsqu'on sait qu'à ce rythme il faudra 4,91 milliards d'années pour transformer en corps du Christ la totalité de la masse terrestre !

Aucun intérêt ? Sans doute, mais pour une fois que c'est la science qui se mêle abusivement de religion, au lieu de l'inverse, ça fait du bien !

Everything2.com : How many atoms of Jesus you eat every day

045 - Principe d’imprécaution

Invention du collectif Les mutants, le principe d'imprécaution a au moins le mérite d'une certaine fraîcheur :

Petits-fils de Darwin en colère, nous revendiquons pour les nôtres le principe d’imprécaution. Et pour cause : il mène le monde depuis ses origines. (...) Après tout, le dernier saut évolutif qui nous a séparés de nos presque-frères les singes n’a pas si mal réussi aux uns comme aux autres. Maintenant que cette histoire est finie, nous souhaitons tout simplement en commencer une autre.

Nous voulons devenir l’origine du futur. Changer la vie, au sens propre et non plus au sens figuré : créer des espèces nouvelles, (...) pratiquer des clonages diversifiants vers l’infini, ajouter de nouveaux sens, vivre vingt ans ou deux siècles, habiter la Lune, terraformer Mars, tutoyer les galaxies. (...) Tout s’est réuni un matin clair et la mortelle tiédeur des temps passés n’est plus qu’un mauvais souvenir.

Manifeste des Mutants

044 - Popability

A part Benoît XVI, quel est le pire ennemi d'un pop-corn réussi ?

Les grains de maïs qui refusent de faire pop, bien sur ! Lesquels grains menacent les dents des américains qui, avec une moyenne de 54 cornets par personne et par an, en sont les principales victimes !

Bruce Hamaker, de l'université de Purdue (USA) a pris le problème à bras le corps en publiant une étude sur la popability du grain de maïs : la probabilité du pop ( popability ) dépendrait essentiellement de la structure cristalline de l'enveloppe extérieure...

LiveScience : Scientists Discover the Secret of Popcorn's Popability

043 - Comitologie

Actuellement, le pouvoir décisionnel de l'Union Européenne est réparti entre différentes instances (Parlement, commission, conseil...) et selon plusieurs procédures différentes : la consultation, la coopération, la codécision, et la très exotique comitologie.

La "Comitologie" peut être définie comme étant le processus d'adoption de mesures d'exécution des actes législatifs, prévoyant que ces mesures sont adoptées par la Commission assistée par un Comité d'experts des Etats membres.

Et si ça ne vous semble pas parfaitement clair, rassurez-vous :

Dans le paragraphe nr. 32-ii de la résolution du 17 mai 1995, il est dit que "il conviendrait de simplifier les procédures actuelles de "comitologie".

EUROPARL : Fiche thematique n° �21 : La comitologie

042 - Longue queue

Notre consommation culturelle fonctionne sur la logique du star-system. La demande est extrêmement concentrée : 10% seulement des CDs distribués parviennent à la rentabilité... Et c'est à peu près la même chose dans les autres domaines. Exact ? Faux depuis le web. C'est ce qu'explique Chris Anderson avec l'image de la longue queue :

Barnes & Noble dispose en moyenne de 130 000 titres, or la moitié des ventes effectuées sur Amazon se situe au-delà de ces 130 000 titres. A en juger par les statistiques d’Amazon, on peut affirmer que le marché des ouvrages absents des librairies moyennes est plus important que celui des livres qu’elles proposent. En d’autres termes, le marché du livre pourrait devenir deux fois plus important de ce qu’il apparaît actuellement. (...) Si l’entertainement du 20e siècle a été conditionné par les Hits, le 21e siècle sera également voué aux « bides ».

En V.O : Wired 12.10: The Long Tail
et en V.F : InternetActu.net » La Longue Queue

Voir aussi : Théorie des coûts endogènes

041 - Obfuscated Code

To obfuscate : assombrir, rendre confus, peu clair. Un obfuscated code est un programme dont la source ne permet pas de comprendre directement ce qu'il fait. C'est une sorte de jeu (de défouloir ?) pratiqué par quelques informaticiens... On peut le voir comme l'équivalent informatique de la poésie, par opposition aux masses énormes de prose produites chaque année par les développeurs ordinaires. Petit extrait signé Tony Finch :

l opt b (S (S I (S (BB (CC B) CI (BB K K make)) (S (BB C (BB C (C (CI qk))) (SS (SS S) (S (BB (BB (S I)) S (BB (BB (CC B) CI) (BB K K) make)) (B (CC B (BB (CC C) (BB (C (CI qk)) (pair (atom qk))) pair)) make)) (B (C (BB B C (C (CI qi)))) make))) make))) (B K make))

Il existe un trophée international qui récompense chaque année le code le plus obfuscated :
The International Obfuscated C Code Contest

040 - Pictée

Une pictée est l'équivalent graphique d'une dictée. Il s'agit de décrire une œuvre graphique en termes non figuratifs à des participants qui essaient de la reconstituer. Voici le début d'une pictée signée Olivier O. Olivier d'après un dessin de Léonard de Vinci :

A un peu plus de la moitié du bord droit de la feuille, à un septième du haut de celle-ci, en sa partie supérieure, doublé pendant quelques centimètres, descend un trait, en oblique vers la gauche. Immédiatement au dessous de lui, pas tout à fait parallèles, d'autres traits un peu plus fins rejoignent les premiers tracés vers le bas, vers leur extrémité. (etc...)

in : OUPEINPO – Du potentiel dans l'art

039 - Web Credibility

Comment attribue-t-on de la crédibilité à l'information accessible sur le web ? Pour l'information disponible sur papier, on a tout un système assez complexe, qui nous permet d'accorder ( a priori ) plus de crédit à un article du Monde qu'à un tract des témoins de Jéovah. Mais sur le web ?

C'est l'objet d'une étude quantitative menée par une équipe de Stanford. Résultat des courses : mieux vaut un .org qu'un hégergement chez AOL. On s'en doutait. Un autre exemple : la présence de pub de marques connues contribue à la crédibilité d'un site. Par contre, le manque d'une distinction très claire entre pub et contenu le décrédiblise... Comme quoi, rien n'est simple. Même sur le web.

The Web Credibility Project - Stanford University

038 - Bougisme

Le mouvement n'a plus bonne presse : autrefois figure et incarnation de la modernité, le voilà devenu Vulgate techno-marchande :

Les nouvelles élites transnationales exigent de tous les individus humains qu'ils bougent, qu’ils suivent le mouvement globalisateur, qu’ils accélèrent leur propre mouvement, qu’ils vivent désormais à l’heure de la mondialisation. (...) Les normes en sont simples, voire sommaires : consommer toujours plus, communiquer toujours plus rapidement, échanger d'une façon optimalement rentable. (...) Cette idéologie, fondée sur une promesse de salut dans et par le mouvement en avant perpétuel, suivant une vitesse accélérée, je l'ai baptisée bougisme ou mouvementisme.

in : Pierre-André Taguieff, Résister au bougisme.

Et le point sur la notion de mouvement, thème idéologique, par ici : L'Encyclopédie de L'Agora: Mouvement

037 - Neuroéconomie

Le credo de base de l'économie « classique » c'est la théorie des jeux : en gros, les acteurs économiques sont des acteurs rationels qui agissent de leur mieux maximiser leur gains. La neuroéconomie remet en question ce credo en observant de plus près le cerveau des dits acteurs grâce à des techniques d'imagerie genre IRM.

Et là, surprise, il semblerait que nos acteurs se servent autant de leur cerveau « primitif » ( siège des émotions ) que de leur cortex ( siège de la rationalité ). Ce qui tendrait à prouver que les acteurs économiques se comportent comme des... gens ! Incroyable, non ?

Why Logic Often Takes A Backseat cité par Stay Free! Magazine

036 - Pansémie

En linguistique, une sémie est un ensemble d'éléments porteurs de sens qui établissent entre eux des rapports d'opposition et qui constituent ainsi un système. Bref, en gros, c'est un code.

Un code parfaitement univoque (comme un formalisme mathématique) est une monosémie.

Un code ambigu, comme le sont les langages humains, est une polysémie (plusieurs lectures sont possibles).

Un code qu'on peut interpréter encore plus librement, (musique, art abstrait, etc...) est une pansémie : il rend possible non pas plusieurs, mais une infinité de lectures différentes.

Sémiologie générale : Un glossaire

035 - Herméneutique transformative de la gravité quantique

Ce concept est défini dans un article paru en 1996 dans Social Text,une très sérieuse revue américaine de sciences sociales. Quelques semaines après la parution, patatras : Alan Sokal, son auteur, révèle qu'il s'agit d'un canular : l'article en question est un tissu de non-sens totalement pataphysiques, étoffé de citations aussi prestigieuses qu'imbittables.

Le but de Sokal est de critiquer le relativisme culturel, l'utilisation abusive de concepts venus des sciences dures dans le champ social, voire une certaine tartufferie intellectuelle... D'où polémiques, réponses cinglantes et contre-réponses assassines. Cf. le dossier de presse ci-dessous :

Sokal-Bricmont dans la presse francophone