7.2.07

105 - Livre à la découpe

Quand on achète de la musique sur Internet au lieu de la choisir dans les bacs d'un disquaire, l'objet « album » perd beaucoup de sa pertinence : pourquoi acheter 12 morceaux d'un coup, s'il y en a un seul que j'aime ? Ca semble imparable. Mais le même raisonnement doit-il s'appliquer au livre ? Le débat existe depuis l'annonce par Amazon de Amazon Pages, un programme qui permettra aux clients d'Amazon d'acheter des livres à la découpe : c'est à dire de payer non plus pour un livre entier mais pour les pages qui les intéressent à l'intérieur d'un livre. (1)

Pour les défenseurs de l'objet livre, le droit moral de l'auteur s'oppose à un tel saucissonnage. Sans vouloir défendre la Charcuterie contre la Littérature, je tiens à faire remarquer que l'enjeu de l'affaire est purement économique, puisque le saucissonnage fait déjà partie – heureusement – des droits imprescriptibles du lecteur. A ce sujet, je vous recommande chaudement le livre de Pierre Bayard : Comment parler des livres qu'on n'a pas lus (2), qui établit une véritable taxinomie des livres non-lus, en fonction de leur degré de non-lecture ( LP=livres parcourus, EP=livres dont on a entendu parler, LO=livres oubliés, etc... ) et de la valeur qu'on leur attribue (de -- à ++ ), la non-lecture d'un ouvrage n'empêchant évidemment pas d'avoir un avis précis quant à sa valeur.

Il va de soi que je n'ai pas vraiment lu le livre de Pierre Bayard - ç'aurait été une abominable faute de goût. Je n'ai pas non plus lu d'extraits sur Internet : y en a pas. Non, je l'ai parcouru à l'ancienne, debout dans les rayons de la FNAC, ce qui m'a permis de savourer quelques phrases particulièrement cocasses de Gide sur Proust, qu'il n'a pas lu mais tient en grande estime, et d'attribuer à l'ouvrage la mention LP+ : livre parcouru, avec opinion favorable.

Comme quoi les nouvelles technologies, décidément, ne changent pas grand chose !

(1) affordance.info: Livre à la découpe.
(2) Fnac.com : Comment parler des livres qu'on n'a pas lus, Pierre Bayard

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Le livre de Pierre Bayard est donc un EP pour moi. Je le fais de moins en moins mais j'avoue qu'il m'est arrivé de tenir des discours dignes d'un thésard sur des livres que je n'avais pas lu :-)

On dit qu'il y a des gens qui en lisant 10 livres sont capables d'en écrire un (ce sont des compilateurs). J'ai connu un monsieur qui écrivait dix livres chaque fois qu'il en lisait un. C'est un sacré talent de savoir délayer à ce point! Aucun doute que ces livres méritaient le saucissonnage.

dvanw a dit…

Oui 10 écrits pour 1 lu, ça semble en effet éxagéré comme ratio.

Quand je pense que moi, j'en suis à 0 écrit pour... Euh... Quand même quelques milliers de lus...

J'ai honte.