18.1.12

170 - Peak stuff

Le peak oil, vous connaissez ? C'est le moment théorique où la production de pétrole atteindra un maximum avant de décroître inévitablement, du fait de l'épuisement des ressources. Selon Chris Goodall, candidat vert aux législatives britanniques et statisticien, l'Angleterre aurait atteint en 2001 un point qu'il baptise peak stuff, le pic des objets.

En examinant attentivement les données de l'Office for National Statistics, il est arrivé à la conclusion que la consommation de ressources matérielles est en repli au Royaume Uni depuis le début des années 2000, alors même que le PIB continuait d'y progresser à un rythme soutenu. Le repli constaté semble assez général, en ce sens qu'il concerne le volume d'objets consommés, l'usage d'énergie et de matières premières, et même la quantité de détritus produits globalement ... Alors même que la population continuait de croître !
If correct, this finding is important. It suggests that economic growth in a mature economy does not necessarily increase the pressure on the world’s reserves of natural resources and on its physical environment. An advanced country may be able to decouple economic growth and increasing volumes of material goods consumed. A sustainable economy does not necessarily have to be a no- growth economy. (1)
La possibilité de découpler la croissance économique de la consommation de ressources matérielles, c'est évidemment plutôt une bonne nouvelle (si elle se confirme) en termes environnementaux. Mais c'est aussi l'occasion d'un débat assez vif en termes politiques. Eh oui ! Les travaux de Goodall  ne sont pas accueillis à bras ouverts par ses petits camarades verts... Comment défendre la décroissance réclamée à grands cris par les écologistes les plus orthodoxes, si la baisse de l'impact environnemental humain est, finalement, compatible avec la croissance ? Ou du moins avec une certaine croissance, recentrée sur les services et les technologies de l'information dématérialisée ?

L'article du Guardian (2) relayé par le blog Eco(lo) (3) explique en détails le travail de Chris Goodall, mais se fait aussi l'écho des critiques qui considèrent -entre autres- qu'il n'a pas pris en compte le fait que la délocalisation des industries britanniques vers certains pays du Tiers-Monde, aboutit à déplacer la consommation de ressources, plutôt qu'à la faire réellement baisser. Je suis bien incapable de juger de la dispute, mais je note tout de même que l'argument n'avait pas échappé à Chris Goodall qui note dans sa conclusion :
One obvious question about all these figures is whether they simply reflect the de-industrialisation of the UK, a process that will tend to cut resource use. UK Material Flow Accounts may not, for example, be adequately capturing the fossil fuels used to make goods in China then shipped to the UK. Where possible, I have therefore introduced a separate measure of household, as opposed to industrial or institutional usage to provide a check that falling industrial activity is not causing the phenomena noted in this paper. (1)
Tout ça nous promet sans doute de belles futures empoignades parmi les écologistes européens. Tout le monde est d'accord pour considérer que -peak stuff ou pas peak stuff - les risques et les enjeux écologiques restent énormes à l'horizon 2050. Mais si cette affaire se confirme, on devra tout de même commencer à se poser la question des meilleurs moyens pour réduire notre impact écologique : grosso modo, faudra-t-il plus de vélos et de jardinnage ? Ou bien plus d'ordinateurs et de services web ? 

Pour ma part, je serais assez tenté de répondre : - Les deux, mon capitaine ! En tous cas, il semble qu'on commence à voir poindre, parmi les vertueux défenseurs de la décroissance, quelques voix dissidentes qui osent remettre en cause les dogmes les plus sacrés de l'écologie politique...
Earlier this year, writer Mark Lynas caused a stir with his book The God Species, in which he broke a trio of green taboos by calling for environmentalists to embrace GM foods, nuclear power and growth-based capitalism. GM food would allow us to leave more of the world as wilderness, Lynas wrote; nuclear energy would help us wean ourselves off coal; and climbing economic growth would give us the best chance of combatting global poverty and funding the technical revolution required to green our production of energy and goods. (2)

(1) Did the UK reach a maximum use of material resources in the early part of the last decade?
(2) The Guardian - Why is our consumption falling?
(3) Eco(lo) - A-t-on atteint un pic des objets ?

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