D'où sort ce petit dernier ? La clé de l'énigme est donnée dans un texte de Jean-Marc Levy-Leblond : Newton, pour des raisons purement « idéologiques », liées à la nécessaire perfection de l'œuvre divine, voulait absolument trouver autant de couleurs dans l'arc-en-ciel que d'intervales dans la gamme diatonique. D'où l'apparition de ce mystérieux indigo, sorte de bleu-violet dont le fantôme continue de hanter nos arcs-en-ciel contemporains...
Mais le pire de l'histoire est que cette manipulation à la limite de l'escroquerie anticipe brillament - via les notions de longueur d'onde liées à la notation musicale - sur une théorie ondulatoire de la lumière qui ne verra le jour qu'un siècle plus tard ! La morale de l'histoire ? Euh... Le génie frise parfois l'escroquerie ? A moins que ce soit l'inverse ? C'est pas ça du tout :
Toute classification, aussi scientifique qu'elle se veuille, est toujours tributaire de la langue commune. Même lorsque cette classification prétend s'appuyer sur un formalisme extérieur accepté - ici, les notes de la gamme musicale -, elle ne peut jamais s'en tenir à un langage totalement mathématisé. La science doit toujours en passer par des mots. (...) En d'autres termes, toute science comporte nécessairement une part de fiction. Impossible de résister à l'idée que la science, quand elle classe, produit des classifictions.Jean-Marc Lévy-Leblond : La vitesse de l'ombre.